Et surtout prends soin de toi
Je garde toujours les lettres de Janis là, à côté, tout près, parce qu'elles ont le pouvoir de déplier en moi des kilomètres de tendresse. Parce qu'elles sont écrites au feutre et que le changement de couleur à chaque phrase s'additionne à ma joie de lire de ses nouvelles. Les premiers mots de sa dernière lettre de Février m'ont sauté aux yeux : « Coucou Mathilde ! Ça va ? Moi ça va en tout cas. » J'ai démarré avec ces mots-là, avec une musique de phrases qui résonne comme ça. J'y ai ajouté quelques maux d'actualité, ceux du corps. Quand il trouve une manière convaincante de dire « prends soin de moi aussi ».
C'est une grande curiosité d'être au monde. De vivre deux pieds sur terre, de tenir debout, d'entrer en relation. De composer avec des parts sauvages et cultivées de soi, des autres, du terrestre. C'est une tâche hasardeuse et nécessaire de fabriquer des futurs consistants pour celles et ceux qui grandissent là. Mathilde Descré le dit en mots, en poésie (Ginette, des tendresses comme un moulin), en tressages de vanneries buissonnières, en réalisations documentaires (Vous avez dit paysan-ne?) et sonores, en aménagement de Zones d'Activités Poétiques (Le Repos Sauvage), en animations natures et socio-culturelles.